Niveau d'explication :
Lorsqu'un courant aérien rencontre un relief
suffisamment large, et même si celui-ci est assez
peu élevé, une partie au moins de la masse d' air
transportée par le vent ne peut contourner
l'obstacle que lui oppose le relief, mais franchit
cet obstacle en subissant une ascendance
orographique . Alors, en amont du relief, les
parcelles d'air sont soumises à une détente et se
refroidissent : souvent, leur température atteint
celle du point de condensation où, à un niveau
déterminé de pression et donc d'altitude, des
nuages se forment ; parfois, aussi, des
précipitations de pluie ou de neige apparaissent,
évacuant une partie de l'eau transportée par le
flux d'air et diminuant par conséquent la valeur
du rapport de mélange des parcelles. Puis, une
fois franchis les sommets, l'air subit au
contraire, en aval du relief, une compression qui
le réchauffe ; en outre, la condensation et,
éventuellement, les précipitations par lesquelles
est passé cet air bloquent ou éliminent une part
importante de son humidité : ainsi, le vent
soufflant sur le flanc situé en aval du relief est
réchauffé et asséché par rapport au courant qui
approchait le relief en amont, et c'est cette
modification — souvent très sensible — que l'on
appelle l'effet de foehn.
Le nom de ce phénomène est bien sûr associé Ã
celui d'un vent de sud, le foehn , qui souffle
dans les vallées des Alpes autrichiennes et
suisses : mais les effets de même nature sont
géographiquement innombrables, et en chaque région
et à chaque époque où le permet la conjugaison
d'un relief et d'un régime de vent, il souffle des
vents de foehn , tel le chinook en Amérique du
Nord, qui vient réchauffer et dessécher les flancs
est des montagnes Rocheuses ; en France, par
exemple, le versant alsacien des Vosges est en
partie redevable de son vignoble à l'effet de
fÂœhn, qui provoque par ailleurs certaines hausses
spectaculaires des températures , en automne, sur
le piémont des Pyrénées basques et béarnaises.
De façon générale, la différence de température
que suscite l'effet de fÂœhn entre les versants au
vent et sous le vent d'un massif montagneux peut
être remarquablement ample (jusqu'à une dizaine de
degrés Celsius ). Une explication courante de
cette amplitude se réfère à l'influence des
précipitations accompagnant l' ascendance forcée
du courant aérien en amont. Alors, les parcelles
d'air subissent une détente pseudoadiabatique et
la température y diminue avec l'altitude selon un
taux variable, mais dans l'ensemble assez voisin
de 0,5 °C tous les 100 m, tandis que le rapport de
mélange ne cesse d'y diminuer du fait des
précipitations ; cette diminution entraîne que les
parcelles, une fois les sommets franchis, ne sont
plus saturées en redescendant et subissent
d'emblée une détente adiabatique sèche, dont le
taux de variation avec l'altitude est pratiquement
de 1 °C tous les 100 m : et c'est cette différence
cumulée d'environ un demi- degré Celsius tous les
100 m entre les parcours ascendant et descendant
du flux d'air qui créerait le réchauffement,
couplé avec l'assèchement dû aux précipitations.
Toutefois, on a pu remarquer sur le terrain que
l'effet de fÂœhn pouvait se manifester en dehors de
toute production de pluie ou de neige, de sorte
que l'explication précédente n'est pas
satisfaisante : il semblerait que le déroulement
de ce phénomène, en fait, soit plus complexe, et
inclue une séparation du flux incident en
plusieurs courants qui, selon leurs altitudes
respectives, contourneraient ou au contraire
franchiraient l'obstacle créé par le relief avant
de se rejoindre en aval ; seul le courant des
couches supérieures, alors, induirait l'effet de
fÂœhn par compression adiabatique lors de sa
descente après franchissement du relief, cette
compression déclenchant un réchauffement qui a
lui-même pour conséquence (pour une valeur fixée
du rapport de mélange) une diminution de l'
humidité relative .
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